Bac +2/3, allons explorer les passerelles de l’enseignement supérieur.

Un constat. Beaucoup d’étudiants souhaitent s’orienter à l’issue d’études courtes ou de prépa non concluantes vers des cycles plus longs leur permettant d’accéder à une qualification qualifiante et diplômante. De même certains étudiants après obtention de leur licence 3 désirent accéder à des masters spécifiques ou se rapprocher d’écoles spécialisées, voir changer de voies ou trouver une voie moins classique mais en parfaite adéquation avec leur cursus.

La révolution des Masters. Depuis la rentrée 2017, le gouvernement a mis en place une réforme et une sélection d’entrée en master applicable dès cette année. Cette année, pour la première fois, les étudiants en fin de licence ne pourront plus entrer automatiquement en master. Une vraie révolution ! Un recrutement incontournable s’opère désormais à l’entrée du master, et la concurrence est rude. Les étudiants de licence seront donc invités à faire plusieurs choix de master et ils se verront forcément proposer une inscription. Si aucun des vœux du candidat n’est retenu, celui-ci doit saisir le rectorat dans les plus brefs délais (dans les quinze jours suivant la date d’obtention de la licence) si tous vos refus vous ont déjà été notifiés ou dans les quinze jours suivant le dernier refus s’il intervient après l’obtention du diplôme. Le recteur n’est en aucun cas obligé de vous trouver une spécialisation dans votre faculté d’origine. Si ce n’est pas possible, il doit vous soumettre une formation “dans un établissement de la région académique”. Le recteur a, en revanche, l’obligation de vous faire trois propositions d’admission dans un master, au plus tard en octobre sans vous garantir de l’adéquation exacte entre votre vœu d’origine et celui proposé. D’où l’appréhension d’un master un peu différent que celui que l’étudiant visait, ou dans une autre ville que la sienne. De plus, la mobilité géographique passerait par un soutien financier pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens. De nouveaux freins inhérents à l’accessibilité des masters universitaires qui pourraient sensibiliser certains à s’éloigner du process universitaire ou à rentrer de manière prématurée sur le marché du travail sans réelle qualification puisque les spécialisations et majeures ne se dessinent et se choisissent qu’à l’issue de la licence 3. D’où l’idée de licences professionnalisantes qui émergent progressivement…

Ludovic, licencié de droit passionné de RH et Digital
Témoignage. Ludovic, diplômé en licence 3 en droit spécialité droit du travail, ne souhaite pas devenir avocat ni postuler au barreau. Pourtant, il a été passionné par le droit du travail lors de ses études universitaires et à tous les aspects relatifs à l’évolution de la législation du travail. Son ambition ? L’appliquer d’un point de vue théorique et pratique dans un environnement lui permettant de conjuguer ses acquis en matière de droit et l’environnement RH des entreprises. Pour cela, il doit se détacher de l’enseignement de droit académique et se tourner vers une formation RH. Les évolutions digitales afférentes à ce métier le passionnent. L’idéal serait donc de trouver une passerelle lui permettant d’intégrer un Master en RH & Digital ou Big Data. Ludovic ne souhaite pas continuer dans une filière purement universitaire mais intégrer une école supérieure de renom qui lui permettrait d’accéder à une alternance dans ce milieu-là. Cette alternance lui permettrait d’acquérir en compétences sur le terrain mais également de supporter une bonne partie du coût généré par un enseignement supérieur diplômant privé.

Ludovic a trouvé plusieurs écoles correspondant à ses aspirations. Il s’est déplacé pour rencontrer des responsables pédagogiques ou de direction qui l’ont conforté ou pas dans ses choix et il a choisi d’intégrer un cursus lui permettant d’allier la gestion et l’administration du personnel, le droit du travail et la digitalisation des process RH. Un mariage prometteur alliant compétences et pratique sur le terrain.

Une étude récente révèle que 27% des élèves des grandes écoles sont issus d’admissions parallèles. La proportion est plus importante chez les étudiants en commerce que ceux en écoles d’ingénieurs, ces derniers provenant toujours majoritairement des classes préparatoires ou d’universités en filières courtes (essentiellement DUT…).

Leur succès pourtant ne se dément pas, tant auprès des élèves que des écoles qui y voient le moyen de diversifier l’origine sociale et les profils de leurs étudiants. Pour les écoles de commerce, le concours Passerelle 2 permet d’intégrer douze établissements prestigieux en deuxième année de cycle Grande Ecole. Le concours ECRICOME TREMPLIN 2 est un concours d’entrée en admissions parallèles pour intégrer de grandes écoles de commerce et de management. Ce dernier comprend deux épreuves écrites qui doivent être réussies pour être déclaré admissible et accéder aux épreuves orales.

Des formations émergentes de plus en plus plébiscitées à l’entrée en Master.

Le bachelor s’affirme. Il représente une formation dispensée dans des établissements de formation privés. L’encadrement y est plus personnalisé et individualisé que dans les universités publiques où sont dispensées des licences. Les promotions de bachelors sont également plus à taille humaine et font donc l’objet d’une attention plus spécifique. Il faut toutefois être vigilant quant à l’homologation RNCP du bachelor qui demeure importante dans un cursus court moins dans le cadre d’un cursus sur cinq ans avec un master II certifié.

Cependant les licences proposent un panel plus étendu de formations et de filières différentes : du droit aux sciences en passant par la philosophie ou l’environnement.

La licence professionnelle accessible à un Bac+2 est une alternative aux licences trop généralistes et se retrouve également à l’issue des passerelles parallèles, elles se font généralement en une année et sont spécialisées dans la formation à un métier précis.

Les DUT et les classes préparatoires sont aujourd’hui en pourcentage constant dans les écoles d’enseignement supérieur et les universités.

Des coûts lissés par l’alternance
Si la nouvelle sélection des Masters s’avère drastique et risque de laisser pensifs certains étudiants de faculté, leur plus grande inquiétude réside dans le coût des écoles à caractère privé.

Le second problème est une question de légitimé et d’expériences professionnelles avant l’immersion de ces jeunes sur le marché du travail.

De plus en plus de formations proposent un cursus d’alternance dès la première année de Master, ce qui a deux gros avantages : le premier étant celui que l’entreprise prenne en charge une bonne partie de la scolarité de l’apprenant, la seconde étant que ces futurs jeunes diplômés Bac +5 vont se retrouver à l’aube de leur immersion sur le marché du travail et que l’alternance devient une réelle capitalisation des compétences qui les valorise à l’issue de leur cursus.

Un moyen économique, qualifiant, offrant toute une palette de compétences. Comme le disait Benjamin Franklin, « Tell me and I will forget, teach me and I may remember, involve me and I learn » (« Dis-moi et j’oublierai, montre-moi et je me souviendrai, fais-moi participer et je comprendrai »). On apprend et comprend véritablement un travail en le réalisant, rien ne vaut la pratique !

Conclusion : Vers un assouplissement de la nouvelle réforme ?
Le ministère de l’Enseignement supérieur a promis des ajustements pour la rentrée 2018 afin de simplifier la procédure. Notamment le fait d’anticiper les jurys et donc de modifier quelque peu le calendrier universitaire afin que toutes les étudiantes et tous les étudiants puissent connaître dès la mi-juillet leur possible affectation.

Nathalie DREAN ✅