Quand j’interviens au sein de mes formations en communication et développement personnel, j’explique à mes étudiants et aux adultes que j’encadre, les ressorts insoupçonnés de l’échec. Effectivement un échec peut être source d’émotions négatives qui parasitent notre posture mais au delà de cela il faut savoir l’appréhender différemment. Le premier élément déclencheur d’un échec c’est le caractère obsessionnel de cet événement. Même si nous essayons de l’occulter un sentiment d’incompréhension s’empare de nous, le fameux : « ça tourne en boucle » qui nous fait ressasser ce petit ou gros « couac ». Bien sûr plus celui-ci sera impactant et représentera un but ultime non atteint plus votre amour propre et le ressentiment sera en conséquence. Beaucoup d’entre nous pour le légitimer chercheront un facteur ou une personne extérieure pour expliquer cet incident ou accident de parcours. Par exemple un étudiant reportera plus facilement un échec universitaire sur un jury « malveillant » ou un professeur plutôt que de reconnaître un manque d’implication ou un manque d’aptitudes pour une matière. Quel qu’en soit l’origine et au delà de la remise en question l’échec doit nous permettre avant tout de rebondir d’aller au delà de nos convictions premières. Que ce soit à la croisée des chemins ou simplement dans un cadre purement professionnel ou académique, l’échec, le refus, l’obstacle doivent nous permettre de nous poser les bonnes questions. Pourquoi ai-je failli à ce moment là est-ce un problème environnemental, de structure par exemple ? Est-ce un problème d’ordre hiérarchique, de subordination, de compétences, de connaissances ? Ces dernières sont les plus mal perçues par le salarié, l’étudiant parce qu’elle touchent l’orgueil, le savoir-faire, les fameuses hard skills intrinsèques que l’on nous a inculqué.

Quand pour illustrer mes propos je cite Nietzsche « Ce qui ne tue pas rend plus fort »… Les réactions divergent, une émotion passe, un sourire que je traduis par la vulgarisation du propos. Parfois suivant la taille de mon auditoire, je vais les chercher, les guider, écouter leurs échecs, parfois au delà du professionnel on pressent ou entend une douleur plus personnelle qui se calque dans le décor. Et oui l’échec professionnel peut faire aussi écho à des failles plus personnelles et ce n’est pas toujours facile de les mettre en forme et en mots, de les accepter, de les apprivoiser, de les canaliser pour mieux en faire un capital intrinsèque qui va nous permettre de nous relever.

Souvent derrière les plus grands entrepreneurs se cachent des échecs qui ont été les pavés fondateurs de leurs réussites.

Alors je leur cite Henry Ford. Le Fordisme, la révolution industrielle, qui pourrait croire que ce personnage mythique américain a en réalité monté une première entreprise qui l’a ruiné 5 ans avant d’avoir fondé Ford Motors Company.

« Echouer, c’est avoir la possibilité de recommencer de manière plus intelligente. » disait Henri Ford.

Mais aussi Bill Gates, Walt Disney, Thomas Edison et oui l’échec touche même les plus grands !

L’échec doit servir de tremplin à la réussite. Pour mieux fédérer mes étudiants je leur demande de regarder sous leurs semelles, qu’en lettre indicible et en filigrane se trouve l’inscription SEP (sentiment d’efficacité personnel) prôné par Albert BANDURA. Souvent ils me sourient et me demandent pourquoi SEP?  “parce que tu en as sous le pied et c’est ce qui va t’aider à aller encore plus loin…”. Les écueils ne tuent pas ils nous forgent aussi douloureux soient-ils. Souvent même jeunes la vie ne les a pas épargné, ils sont cabossés, fragilisés par moult événements de tous ordres quelle que soit leur origine. L’échec et la douleur n’épargne personne. Notre amour propre et nos larmes n’ont pas d’âge. J’essaie juste parfois au détour d’un cours, d’une formation ou d’un chemin de les aider à se débattre en toute conscience des ravages personnels et professionnels que cet échec induit.

SEP… ils me sourient, le pouvoir est en toi… ils réfléchissent…. tu es plus fort que ça, crois en toi, sois l’architecte de ton destin, c’est toi qui le construit avec ta force, ta rage intérieure, cet échec qui fait que demain tu auras envie d’en découdre pour à tous leur prouver le contraire.

“Ne laisse pas de prise à ces perturbations ne les laisse pas avoir d’ascendant sur toi et tu te relèveras comme un phœnix…”. Ne sommes nous pas un peu tous des phœnix en puissance? Nous avons souvent besoin d’un regard, d’un mot, d’une bienveillance pour y croire et se relever. Certains resteront sur la berge, c’est la vie on ne peut pas « sauver » tout le monde mais ma plus grande fierté sera dans les yeux de celui que je verrai se redresser peu à peu. Le voir croire à nouveau en lui avec en tête peut-être mes quelques phrases et le déclic avant de monter une marche de regarder sous ses baskets en pensant SEP. Faisons de l’échec l’élément disruptif de notre pensée. L’un de ces galets que j’aime tant qui égrène la route d’hommes et de femmes et résonne avec la maxime de Kipling « tu seras un homme mon fils », ma fille …