Parcoursup ou l’ex APB a cette année rencontré de nombreuses contestations. À ce jour, près de 12% des inscrits sont toujours sans aucune proposition d’orientation concrète…

Xavier Niel : «Un entrepreneur est plus capable de changer le monde »

Autodidacte, créateur de Free et fondateur de l’École 42 et de Station F, l’homme aujourd’hui milliardaire l’a plus d’une fois montré en France : éducation et partenariat sont la clé de la réussite individuelle et collective. Selon lui la vie de chef d’entreprise c’est une suite de mauvaises nouvelles, d’où la nécessité de toujours innover davantage, d’autant plus que le prochain virage technologique va aller vers du « tout connecté ».

Pour encourager l’entrepreneuriat en France, c’est avec beaucoup d’espoir pour les nouvelles générations que Xavier Niel a mis au monde l’incubateur Station F, dirigé par des femmes, dont l’une d’origine iranienne. Aujourd’hui, 50 % des jeunes de 18 à 25 ans répondent vouloir devenir entrepreneur, mais moins de la moitié essaie. En sortant des sentiers battus habituels, le campus permet que 40% des start-ups soient fondées par des femmes ! Car il en est persuadé, « en mélangeant ces profils variés avec nos talents habituels, on aura des entreprises plus grandes qui fonctionnent mieux. ». La recette du bon créateur d’entreprise c’est d’avoir de l’espoir et de la naïveté. Selon Xavier Niel, il sera impossible d’aller plus loin s’il y a un « trop d’administratif », qui demande une simplification dans les démarches. C’est pourquoi à Sation F sont présents tous les services de l’État.

Avec les problèmes rencontrés par Parcoursup, de nombreux lycéens se tournent vers le privé… quand ils en ont les moyens. À quand le déploiement du modèle École 42 entièrement gratuite ? Avec un besoin croissant de développeurs en France, estimé aujourd’hui à 10 000, l’initiation aux métiers du futur et accessible à tous semble répondre à la fois à un besoin en termes d’insertion professionnelle, mais aussi à la nécessité de voir croître le nombre de ceux qui osent l’entrepreneuriat en France.

Appliquer la vision Niel à tout le système de l’enseignement supérieur ?

Malgré la sélection à l’entrée, la gratuité des enseignements peut ouvrir la porte à d’autres étudiants « touristes ». En effet, même si la sélection par l’investissement assidu et atypique garantit en partie cette dérive, quelques exceptions existent.

L’école étant basée sur un principe révolutionnaire, beaucoup d’étudiants se font courtiser par de grandes entreprises avant même la fin de leur cursus et l’obtention de leur titre. La pédagogie d’autonomie par projet, à l’image de l’Ecole 42, leur permet de s’affranchir et d’être autonomes sur un projet informatique très vite, une qualité requise et recherchée par les entreprises. Cependant il ne faut pas oublier qu’en France les rémunérations et les statuts sont régis par les conventions collectives et qu’une qualification diplômante ainsi qu’une expérience professionnelle dans le temps sont les deux garants d’une variable de rémunération d’un point de vue de droit du travail. Les conventions collectives servent de référentiel en la matière. Ainsi, si l’École 42 bouscule les codes pédagogiques il devrait en être de pair avec le droit du travail !

Le côté autodiscipline peut correspondre à certains : il faut accepter de se faire juger par ses pairs et inversement. Comme l’encadrement pédagogique est institué par les élèves eux-mêmes il convient essentiellement à de futurs développeurs ou entrepreneurs qui ont un sens inné de la débrouillardise et de l’autonomie. Un jeune bachelier pourrait avoir encore besoin d’un cadre académique, mais être vite dépassé par le rythme et se faire refouler aux portes de la piscine devant alors trouver dans l’urgence une passerelle. De même un futur étudiant de l’École 42 devra avoir une certaine maturité pour ne pas se faire déborder par des considérations futiles et subjectives. Au final, la demande d’une entreprise est la capacité à savoir manager un projet en globalité et en totale autonomie tout en facilitant la dynamique d’un groupe et en respectant la hiérarchie.

La France de demain : un vivier d’entrepreneurs du digital !

Xavier Niel est précurseur d’une pédagogie révolutionnaire comme peut l’être Frédéric Bardeau, fondateur de Simplon.co. L’apprentissage par la pédagogie et l’approche entrepreneuriale a de quoi susciter des vocations surtout lorsque l’on sait que la majorité des start-ups ont une activité reposant sur du digital. Les plus frondeurs et qui accèdent à l’École 42 sont biberonnés aux nouveaux codes de la French Tech et trouvent naturellement leur place dans le berceau de Station F, le plus grand incubateur mondial lancé par Xavier Niel.

Nathalie DREAN