C’est l’histoire des bacheliers qui souhaitent se lancer dans des études en alternance directement après le baccalauréat sans les clefs des démarches recruteurs.

Pourquoi choisir l’alternance ? Rentable et formatrice, l’alternance permet aux étudiants de compléter leur formation et de s’appuyer sur une expérience professionnelle.

Les nouveaux apprentis

Aujourd’hui, beaucoup d’étudiants, du bachelier sans expérience au DUT, licence ou bachelor 3, souhaitent trouver une passerelle dans l’enseignement supérieur et se lancer dans l’alternance.

Or, la plupart d’entre eux se retrouvent confronter à des refus massifs d’entreprises. Quels que soient leurs supports les plus imaginatifs de communication ou dénués de toute connaissance pour candidater, nous les voyons, à l’approche de l’été, alarmistes, envahir les réseaux sociaux encore et toujours à la recherche du Graal attendu.

Pourquoi donc est-il si difficile de trouver une alternance ? L’étude de cas nous permettra de comprendre le problème.

Issam est un élève brillant qui a été pris dans une école des plus prestigieuses. Cependant, après un BAC S et des notes encourageantes, il écume Facebook et multiplie les postes suppliants quelqu’un de le sortir de l’impasse. Quant à Gabriel, après avoir obtenu un BAC STI2D, il cherche désespérément une alternance pour un BTS MUC ou NRC. Enfin, Jason ne trouve pas de contrat pour valider son entrée en Master II RH spécialisation paie, et ce même après un DUT et un Master I en Ressources Humaines et une alternance dans une institution prodigieuse.

Les exemples sont nombreux, et le constat est le même : il est désormais très compliqué et périlleux de trouver une alternance.

Un accompagnement sur mesure

A la sortie de la terminale, baccalauréat en poche, peu de jeunes ont les codes et les compétences qui leur permettront de se « vendre » sur le marché du travail. Ils ont l’intime conviction, et c’est la réalité, que les compétences prévalent d’un cv par rapport à une autre.

Mais on ne leur apprend pas à différencier les hard skills et soft skills éventuels, ni la posture à adopter en face d’un employeur. Beaucoup d’étudiants se présentent devant les employeurs en cherchant une entreprise en complément de leur école pour les « former » à la vie professionnelle. Or, si cela est en partie inhérent à leur recherche d’alternance, ils ne comprennent pas que les entreprises capitalisent avant tout sur des personnes qui leur permettront un retour sur investissement. En bref, l’alternance, c’est donnant donnant.

D’où l’intérêt d’apprendre à ces étudiants les codes internes aux sociétés.

Or c’est souvent ce qui conditionne l’accessibilité à l’enseignement supérieur de ceux qui choisissent cette voie-là. En effet, s’ils ne trouvent pas d’alternance, deux solutions s’offrent à eux : intégrer en formation initiale payante les cursus d’enseignement supérieur ou alors se retrouver sans affectation et obligés de décliner leur choix. Certes, de nombreuses modalités (telles que le prêt à taux zéro, prêt étudiant, …) ont été mis en place mais cela les oblige à débuter leurs études avec un crédit à rembourser sur le très long terme. Il faut donc que l’étudiant trouve une entreprise avant que ses études ne commencent. Dans le cas contraire, il ne pourra pas suivre la formation en alternance.

Quelles sont les difficultés des étudiants ? Deux principales. Le manque de connaissance des dispositifs auprès des entreprises et le fait que les étudiants ne maîtrisent pas l’argumentaire économique qui pourrait éventuellement convaincre une entreprise réticente.

Avec la réforme proposée par le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel (PDL), les entreprises auront plus facilement accès à une nouvelle « aide unique ». La finalité de cette réforme est donc de passer d’un système d’aide complexe et peu connu à un système simple et accessible.

A côté de la nouvelle « aide unique », plusieurs dispositifs d’aides financières sont également mis en place. Ils concernent principalement une réduction de la nouvelle contribution unique à la formation professionnelle et à l’apprentissage ainsi que des possibilités de prise en charge par les futurs Opérateurs de compétences. Il faut également ajouter le maintien de la non prise en compte des alternants dans le décompte des effectifs. Toutes ces aides dépendent de l’effectif de l’entreprise.

Mis à part la difficulté de trouver une alternance en relation avec sa formation, une autre difficulté vient s’y rajouter : celle du rythme de l’alternance.

Deux jours en formation, trois jours en entreprise ; une semaine, une semaine et bientôt un an, un an. Les différents rythmes d’alternance ne manquent pas, encore faut-il trouver une entreprise qui se conforme à ce rythme d’alternance? L’intérêt de l’entreprise est que l’étudiant consacre du temps à l’apprentissage du métier et soit opérationnel et présent le plus possible au sein de ses effectifs.

Selon la mission recherchée en entreprise (en atelier ou bureau), des rythmes d’alternance conviennent mieux que d’autres aux entreprises. C’est un aspect qu’il faut appréhender dans le choix de sa formation. Il faut aussi être persuasif sur cet aspect-là lors de l’entrevue avec le recruteur, défendre le rythme imposé en mettant en évidence qu’en aucun cas il n’est préjudiciable au bon fonctionnement d’une entreprise.

La charge et le rythme de travail ne sont pas non plus anodins, il faut bien intégrer que l’alternance correspondra souvent à une double vie, alors que certains rentrent tout juste dans l’enseignement supérieur. L’alternance, c’est aussi la même charge d’apprentissage dans les fondamentaux théoriques à intégrer et l’apprentissage du rythme soutenu et de la pression en entreprise. A l’heure où un salarié lambda rentrera chez lui, un alternant devra se pencher sur ses cours, partiels, Uvs et rendus. Double rythme, double vie, une formation accélérée mais bien souvent un poste durable à la clé.

Une sensibilisation, même en amont, dès la terminale, serait souhaitable. Cela permettrait aux jeunes de mieux se préparer aux entretiens d’entrée aux écoles d’enseignement supérieur et de mieux appréhender ces notions qui démontrent une certaine maturité pour leurs futurs interlocuteurs.

Au sein des écoles et universités, quelle que soit la formation et le niveau, les mêmes problématiques se retrouvent dans les passerelles Bac +3 et Masters. Dispenser en amont ce genre de formation peut permettre aux jeunes de ne pas se retrouver sans alternative à la rentrée et devient alors une nécessité.

Conclusion : Mieux s’armer pour conquérir l’alternance

52% des jeunes n’ont pas pu faire d’alternance. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont pas trouvé de structure pour les embaucher. Beaucoup d’entre eux se retrouvent démunis, sans formation. Pour le constater, il n’y a qu’à naviguer sur les réseaux sociaux qui regorgent de jeunes qui cherchent désespérément.

Il est donc indispensable de mieux encadrer et surtout de former très tôt ces jeunes aux codes de l’alternance et du marché du travail.